D’où provient ce besoin
inévitable de créer sinon de notre histoire de la petite enfance; des
traumatismes de l’Inconscient ou de la pré-conscience...
Barbara Claus aborde
des thèmes tels que la mémoire, la mort, les rituels, l’éphémère et la
permanence, thèmes héraclitéens par excellence. Elle explore les espaces de silence ainsi que le rôle du sacré et de la
lenteur dans un monde où tout semble s’accélérer. Les rites, les temps de deuils sont des sources
d’inspiration qui viennent freiner cette
tendance à l’accélération et au présentisme qui s’immisce dans toutes les sphères de nos vies alors que « les choses importantes ne se
font jamais vite. [1] »
Pour
l’exposition Je suis vieille, je
suis lente et autres digressions l’artiste utilise la fibre du mur
comme surface d’exploration tactile, telle une respiration métaphorique du
processus créateur. Chaque trace devient une tentative d’arrêt sur
l’insaisissable temps. Les phrases créent une cacographie visuelle et cherchent
à brouiller le sens tout en offrant une émotion brute. Les mots réfèrent à un besoin obsessionnel de crier jusqu’à
épuisement, pour inscrire une sensation jusqu’à sa disparition. L’installation questionne
les phénomènes de mode, la recherche de l’éternelle jeunesse, le besoin de
nouveauté sans cesse renouvelé aux dépends du sens. Barbara Claus expose cette
impasse et s’y soustrait en même temps pour éviter le paradoxe du banal qui y est à l’œuvre, et qui pourrait
s’énoncer comme étant « vouloir être l’unique en général. [2]
»
Pour marquer le
passage du temps, l’artiste choisira de modifier l’intervention murale tout au long
de l’exposition; évoquant les notions de pertes par un processus de
déconstruction visuelle où l’impermanence et la fragilité de l’être font un.
[1] Henry Bauchau, Guy Duplat, Bauchau et la hâte diabolique du monde, La Libre Belgique,
22-09-2012
Where does the inevitable need to create come from if
not from our childhood history; from unconscious traumatic events or from our
pre-consciousness...
Barbara Claus addresses
themes such as memory, death, rituals, transience and permanence; the ultimate
heraclitian themes. She explores spaces of silence, and the role of the sacred
and of slowness in a world that’s increasingly fast-paced. Rituals and mourning
periods are sources of inspiration that interrupt this tendency toward speed
and presenteeism that have intruded every aspect of life, while “important
things are never done quickly.”[1]
For her exhibition titled Je suis vieille, je suis lente et autres digressions, the artist
uses the wall’s surfaces as a space for tactile exploration, as the metaphoric breath
of creative process. Each trace becomes an attempt to reflect on the
elusiveness of time. Three sentences become a visual cacography and seek to
blur meaning while offering raw emotion. The words refer to an obsessive need
to scream oneself to the point of exhaustion, to inscribe a sensation till it
vanishes. The installation questions the phenomenon of fashion, the quest for
eternal youth, the insatiable need for novelty and instant gratification.
Barbara Claus exposes this impasse but withdraws herself from it to avoid the
paradox of the banal within the work,
which could be read as “wanting to be unique in general.”[2]
To mark the passage of time, the artist will modify her wall
intervention throughout the exhibition, evoking the notion of loss through a
process of visual deconstruction, where impermanence and fragility of being
become one.